Titre
Enquête européenne sur les connaissances et les représentations des élèves de terminale sur les questions de population (1996)
Résumé
En 1996, que savaient les lycéens de l'immigration en France, au terme de leur scolarité ? Quels regards portaient-ils sur les immigrés et comment concevaient-ils leurs rapports avec eux ? L'enquête a aussi porté sur les opinions des élèves sur le vieillissement et les relations intergénérationnelles.
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A la fin des années 90, les connaissances des jeunes concernant l'immigration et les immigrés en France, et les opinions qu'ils pouvaient formuler à leur propos, méritaient d'être explorées à plus d'un égard. Dans une situation de crise économique durable, il importait de connaître les représentations que se faisaient les jeunes sur la population de leur pays, de l'Europe et des autres régions du monde. En effet, les enquêtes montraient que, sur la plupart des questions importantes relatives à la population et à ses conditions d'existence, les savoirs et les représentations pouvaient varier selon les groupes d'âges interrogés.
La problématique socio-économique de l'immigration, qui était dominante jusqu'aux années 70 (en 1974, l'enquête d'opinion réalisée par l'Ined montrait que la grande majorité des Français - 80 % - appréciait les services rendus par les immigrés à l'économie du pays) s'était profondément transformée. Dès cette époque, Alain Girard remarquait que l'attitude des jeunes à l'égard des "immigrés étrangers" était plus favorable que celle des personnes plus âgées s'agissant des mariages mixtes, des conditions de vie des travailleurs immigrés, de la politique du logement, de l'attitude en cas de chômage et de l'accueil des familles.
À partir des années 80, l'intérêt qui était porté à l'apport économique et démographique de l'immigration avait semblé s'estomper, avec l'émergence d'une problématique qui se situait davantage sur le terrain politique, idéologique et culturel, dans un contexte de crise persistante, de restructuration de l'appareil productif et de montée du chômage. L'attention s'était donc déplacée sur les problèmes d'intégration des immigrés et de leurs descendants, l'économique n'étant plus qu'un domaine privilégié de la réalisation de cette intégration.
En 1996, qu'en était-il de ces opinions en France et en Europe chez les jeunes générations ? Que savaient les lycéens de ce phénomène séculaire qu'est l'immigration en France, au terme de leur scolarité ? Quels regards portaient-ils sur les immigrés et comment concevaient-ils leurs rapports avec eux ? Quels critères retenaient-ils pour définir les grandes lignes d'une politique de l'immigration ?
C'est afin de répondre à ces interrogations que le projet de recherche "Enquête européenne sur les connaissances et les représentations des élèves de terminale sur les questions de population" a été lancé.
Une telle enquête s'inscrivait dans le champ de la sociologie de la jeunesse et, plus particulièrement, d'une sociologie orientée vers l'étude des représentations des jeunes. La plupart des recherches réalisées à l'époque privilégiaient l'étude de leurs pratiques sociales, l'observation de leurs comportements à la sortie du système scolaire, leurs itinéraires d'insertion professionnelle, leurs relations familiales, la formation de leurs unions etc. La présente enquête a choisi de privilégier l'étude des opinions et des représentations que les jeunes eux-mêmes pouvaient avoir de leur existence, de leur environnement familial et social, de leur avenir, en relation avec leurs savoirs sur les caractéristiques majeures de la population.
Outre les opinions sur le vieillissement et le rôle des personnes âgées ainsi que les relations intergénérationnelles, l'enquête a donc porté sur les attitudes des élèves de terminale concernant l'immigration et les immigrés, ainsi que sur l'évolution des structures familiales.
A noter que cette enquête est un volet d'une recherche plus vaste conduite dans plusieurs pays européens : en Belgique (communauté flamande), en Italie, en Grèce, en Grande Bretagne, aux Pays Bas et en République Tchèque. Ont été associés à cette recherche : l'Observatoire européen pour l'éducation et l'information sur les questions de population (EOPEI), le GBGS (Belgique), l'Ined et l'Université René Descartes-Paris V (France), l'IRP (Italie), le NIDI (Pays-Bas) et l'Université Charles (République tchèque). L'enquête a été conduite de manière concertée entre tous ces pays, à partir d'objectifs, d'une problématique et d'un questionnaire communs.