Titre
Violences et rapports de genre : contextes et conséquences des violences subies par les femmes et les hommes (VIRAGE)- Volet Principal (2015)
Instrument de collecte
Questionnaire structuré
Le questionnaire Virage est très largement inspiré du questionnaire Enveff (voir « Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (2000) », il est structuré par modules qui correspondent aux différentes sphères de vie des individus. Ce questionnement par sphères favorise la remémoration et donc la déclaration de tous les types de violences interpersonnelles. Il permet en effet de passer en revue l'ensemble des situations potentielles de violences subies, la personne se remémore au fur et à mesure, et elle n'a pas à opérer de sélection dans les événements vécus. A l'instar de l'Enveff, afin d'établir une relation de confiance avec l'interviewé.e , il démarre par des questions de présentation : ses caractéristiques sociodémographiques et celles de son/sa conjoint.e, des éléments de biographie et son état de santé. Le questionnaire aborde ensuite les faits de violence subis au cours des douze derniers mois dans le cadre des études, du travail, des espaces publics, d'une relation avec un conjoint ou ex-conjoint. Suit un module explorant les violences subies au cours de la vie dans le cadre familial et de l'entourage proche. Enfin, les violences subies en dehors de la famille et avant les douze derniers mois sont examinées dans une dernière partie. Le questionnaire comporte presqu'uniquement des questions fermées. Sont évoqués précisément, et de manière détaillée : des gestes, des actes, des faits, des paroles, sans jamais les qualifier de violents. En effet, tout au long du questionnaire, les termes de « violence » ou d'« agression » ne sont jamais utilisés, seuls des faits sont décrits. De surcroît, répondre par oui ou non permet de ne pas avoir à prononcer les faits éventuellement vécus, dont la verbalisation peut s'avérer très difficile et douloureuse. Par exemple, en ce qui concerne les violences sexuelles, les personnes enquêté·e·s n'ont pas eu à nommer les agressions qu'elles ont pu subir. Une liste très détaillée de faits leur était proposée pour qu'elles n'aient pas à prononcer les mots mais qu'elles déclarent si oui ou non elles avaient vécu ce type d'agression sexuelle. Ce protocole de questionnement est scientifiquement éprouvé et particulièrement robuste. Par ailleurs, Le questionnaire innove par rapport à Enveff, avec notamment la prise en compte de nouveaux enjeux auprès d'un vaste échantillon de personnes : prise en compte plus détaillée des enfants dans les situations de violences conjugales ; questionnement plus large des violences au travail (avec notamment la question du harcèlement au travail) ; un questionnement plus détaillé concernant les violences dans l'enfance et l'adolescence ; exploration du recours au civil plutôt qu'au pénal ; enfin, étude inédite des liens entre violences et discriminations (personnes migrantes, homosexuelles ou en situation de handicap).
Consciente des petits effectifs que représentent, dans l'ensemble du territoire, des populations spécifiques particulièrement exposées au risque de subir des violences, l'équipe de recherche a conçu trois volets internet dédiés l'un aux étudiant·e·s, l'autre aux personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transsexuelles et le troisième aux victimes de violences ayant consulté des associations de soutien : ce sont les volets Virage-université, Virage-LGBT et Virage-victimes. Afin de préserver les possibilités de comparaison des parcours des personnes, avec ceux recueillis dans l'enquête en population générale, les questionnaires sont très proches de celui de l'enquête principale, mais recueillent des informations plus détaillées sur le parcours universitaire dans le volet universités, ou sur la sexualité et les discriminations subies dans le volet LGBT. Ces volets seront mis à disposition ultérieurement.
****Questions sensibles****
Les objectifs scientifiques, le protocole de l'enquête, sa méthodologie, les précautions relatives à la confidentialité des données et à leur traitement, ou aux questions sensibles posées par téléphone aux personnes enquêtées (et à leur libre choix de ne pas y répondre) ont fait l'objet de présentations détaillées à deux instances nationales : Le Conseil National de l'information Statistique (CNIS) et la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL). Ces deux instances ont répondu de manière favorable à la mise en œuvre de l'enquête. Ainsi, l'enquête a été reconnue d'intérêt général par le Conseil national de l'information statistique dans son avis n° 218/H030 en date du 19/12/2013. La CNIL a validé l'ensemble du protocole (qu'il s'agisse de la présentation de l'enquête aux enquêtées, des questions sensibles, de l'anonymisation). Ainsi, conformément à la loi informatique et libertés, les données recueillies dans cette enquête sont traitées de manière anonyme et confidentielle, à des fins de recherche seulement (voir la délibération 2014-25 du 3 avril 2014). Un certain nombre de questions étant considérées comme sensibles au regard de la CNIL (questions sur la religion, la sexualité notamment), des consignes spécifiques ont été ajoutées à la demande de la CNIL, spécifiant que la personne est libre d'y répondre comme de ne pas y répondre. Ces consignes ont été longuement travaillées, afin qu'elles respectent les préconisations de la CNIL, tout en incitant au maximum les enquêté·e·s à répondre à ces questions jugées sensibles.