Titre
La détermination et l'avenir des bien-doués (1951-1952)
Résumé
En 1944, l'Institut national d'études démographiques avait effectué une grande enquête nationale sur le niveau intellectuel des enfants d'âge scolaire (voir "Le niveau intellectuel des enfants d'âge scolaire" IE0013). Cette étude avait permis de doter l'enseignement français d'un instrument de mesure du niveau mental, le test mosaïque de Gille, adapté à l'ensemble de la population scolaire. Les résultats présentaient pour la première fois des normes susceptibles de classer tous les enfants de 6 à 12 ans, non seulement par rapport à l'ensemble de ceux de leur âge, mais aussi par rapport à ceux qui appartenaient au même milieu socio-économique. Enfin, ils apportaient une contribution précieuse pour la tâche difficile de l'orientation, reposant sur la valeur des individus.
Ce travail avait apporté de nombreux éclaircissements, mais aussi de nouvelles problématiques. Une double question se posait notamment à partir de l'enquête de 1944.
En premier lieu, conçue d'abord pour dénombrer les enfants inaptes à un enseignement scolaire normal, elle (l'enquête) portait sur l'ensemble de la population scolaire et devait permettre de sélectionner également les enfants les mieux doués. Leur instruction et leur avenir ne posaient pas un problème social de moindre importance que ceux des autres.
En outre, et c'est en définitive la question majeure qui surgissait de l'enquête, dans quelle mesure le classement des enfants, opéré très tôt, d'après un examen psychologique, permettait-il de formuler un diagnostic valable sur leurs aptitudes ? Autrement dit, l'avenir allait-il confirmer ou infirmer le classement obtenu dans l'enfance, et la réussite future était-elle dans la dépendance de qualités initiales, décelées très tôt ?
Une nouvelle expérience, conduite à partir de la première, devait apporter à ce sujet des éclaircissements convaincants.
Une enquête a donc étudié sept ans plus tard, en 1951-1952, les enfants les mieux classés au test en 1944, ainsi qu'un groupe témoin, choisi parmi ceux qui se classaient au centre de la distribution, les "moyens". L'avenir respectif de ses deux groupes a été comparé : on s'est attaché à rechercher les sujets les mieux classés au test, quel que soit leur âge, et à étudier ce qu'ils sont devenus dans leur scolarité ou après leur scolarité, depuis le moment où ils ont été examinés, c'est-à-dire depuis le premier semestre 1944.
Au début des années 50, les enquêtés étaient devenus des jeunes gens et jeunes filles, dont l'âge variait entre 13 et 19 ans, certains étant encore à l'école primaire, d'autres dans l'enseignement technique ou secondaire, certains déjà dans l'enseignement supérieur et enfin d'autres déjà au travail.
Cette recherche s'est trouvée scindée en deux moments distincts : la valeur scolaire des enfants dans l'enseignement du 1er degré (= primaire), et ensuite, pour ceux qui les fréquentaient, dans l'enseignement du 2e degré (= secondaire) ou dans l'enseignement technique.
L'objectif final était de s'assurer, a posteriori, de la validité du test et de déterminer dans quelle mesure il apportait une discrimination des enfants, conforme à celle qu'opère la suite des études, ou même la première installation dans la vie. On se proposait aussi d'analyser, dans les cas de discordance, l'ensemble des causes physiques, caractérielles, familiales ou sociales, susceptibles d'expliquer l'échec ultérieur d'un enfant bien doué au départ.